Insomniaque

Oiseau de nuit, je suis incapable de dormir. Pourtant, c'est le pire des moments : je suis affaiblie par une extraction de dents de sagesse qui a mal tourné. Je gobe de la codéine aux quatre heures car la douleur de ma dent a demi extraite me réveille avec ponctualité.Comme me disait Mylène tout à l'heure, c'est quand même un 2011 de merde que j'ai vécu. D'accord, il y a eu des bonnes nouvelles, d'excellentes même comme notre bouquin terminé qui sera publié sous peu chez Lonely Planet... Ou ma vie à Iqaluit qui avait quand même ses bons côtés et qui me manque souvent. Mon passage à un bilan financier positif, pour la première fois de mon âge adulte. Mais j'ai aussi eu mon lot de merdes, comme une belle rupture multilatérale (avec perte de mon meilleur ami au travers), comme un écrabouilli de ma main droite dont je paie encore le prix. Comme une solitude mal vécue. Comme deux décès chez les Lapierre. Comme des épisodes dépressifs en mars et en août. Et maintenant, une dent de sagesse qui me ralentit, m'amortit, me contient, et un examen de science politique demain matin aux accents de parlementarisme canadien. Un cours que je ne désirais pas, mais qui me donne à présent le goût d'être souvrainiste/indépendantiste, même séparatiste crisse ! Les institutions politiques canadiennes sont tellement vétustes et non-démocratiques que ça m'a enlevé le goût de faire de l'éducation civique. Ça ne vaut même pas la peine de voter. À cette étape-ci, sans réforme électorale, pourquoi se donner cette peine ? La démocratie effective est minime, la ligne de partie rigide, le cynisme la seule option viable mis à part la folie.Pas beaucoup de place pour mon leadership en politique... Pourtant, j'ai envie d'être une leader. Je reconnais le besoin de plus de femmes leaders. Je suppose que je peux être leaders dans ma gestion, dans mon art, dans mon manifesto, dans ma chair même s'il le faut. Et j'ai envie de l'être. J'ai envie de trouver des façons de m'inspirer et d'inspirer les gens. Voilà pourquoi je dois travailler sur mon manifeste, l'écrire avant la fin du moins de janvier. C'est mon devoir, c'est ma maîtrise. J'ai 30 ans et je dois savoir où je m'en vais avant que le cancer m'emporte, comme les gens que j'aime ou celles qui m'inspirent. Et oui, même papy Layton...Il y a beaucoup à faire. Travel with a Mission. 5 petits cours d'université. Moi, mes souliers. Globe-stoppeuse. Page à Pageau. La bible du voyage alternatif. Les prochains projets avec Kekya. Oui, j'y pense, j'ai un monde à construire avec lui...J'ai le sentiment que ma vie à venir touchera à l'art plus qu'avant. Est-ce qu'il me faut vraiment vivre cette vie aux facettes infinies ? OUI ! Je revendique ma multiplicité, ma joie de comprendre le cycle de Krebs, la comptabilité, la pédagogie, l'anthropologie, la dynamique de groupe, mon plaisir de chanter Shefferville à Iqaluit, d'imaginer la gravité restreinte et les univers courbés... De fouiller dans les poubelles et de créer des projets sonores, des projets politiques et visuels, des textes et des photos.Il n'y a pas assez de place dans mon corps pour la créationelle doit sortirexultermes mains, ma voie, mes doigts ma bouche et mon corps et mon corps...et le tienet le notre...Il y a des fleurs qui m'inspirent, des fleurs audacieuses...Et puis il y a un roseau qui me canalise, où les oiseaux de mes pensées se réfugient, qui me dépure, qui me nourrit. 2011 n'est quand même pas l'année des catastrophes. J'ai rencontré un homme à côté duquel vieillir. Et j'ai vu la tronche qu'il aura plus tard - ça me convient bien. J'accepte, un petit contrat de 15 ans minimum. Pas question de quitter le navire quand on part faire le tour du monde ensemble.... Au milieu de Pacifique, on est dans le même bateau. Folie pour folie, on a choisi de se marier l'un l'autre...On se connait depuis deux mois. On a quatre mois pour confirmer notre impression - celle d'être tombé(e) sur la bonne personne. Pas l'unique, mais celle qui. Mais depuis déjà deux semaines, j'ai l'impression d'avancer sur un sentier balisé à ma façon, avec des belvédères pour contempler la vie exactement là où je souhaite m'arrêter. J'ai rencontré celui qui. Et je n'ai plus tellement envie de réussir ma vie, maintenant j'ai envie de vivre.Anick-Marie. Auto-portrait insomniaque.Alors on se marie le 29 février 2012, six mois exactement après notre rencontre. Le mariage aura lieu à Montréal et n'y sont invités que les témoins, pas même la famille. Nous avons choisi de se représenter le mariage comme un processus dont le mariage n'est qu'une borne, un milestone. Nous avons donc besoin de tout le monde (interdépendance), mais pas seulement en présence à la cérémonie. Nous avons constamment besoin de nos amis, de nos contacts, de nos anciens amours, de nos meilleurs ennemis. Notre mariage doit consacrer le lien entre nous, mais aussi renforcer le réseau de nos amitiés, pour le meilleur et pour le pire...Par contre, tout le monde est invité à participer à ma robe de mariée en contribuant un bout de tissu de 12 x 12 cm minimalement sans aucune restriction sur le type de matériau ou la couleur. Ce morceau de tissu peut être quelque chose qui vous tient à coeur, vous représente ou que vous trouvez joli. Je coudrai ma robe de mariée à partir de ces morceaux d'amitiés envoyés de par le monde surtout de personnes significatives, mais aussi de personnes que je connais moins et qui ont envie d'être symboliquement présents.Si vous souhaitez contribuer, veuillez me le faire savoir - je vous ferai parvenir l'adresse postale via email. 

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