perilisk

Nous avions à la maison une ligne téléphonique dédiée à la connexion aux babillards en ligne (BBS). À vrai dire, nous avions l'un de ces babillards : les gens téléphonaient chez nous et notre ordinateur répondait en leur donnant la possibilité de télécharger des jeux, des images, des newsgroups, Francomédia et Fidonet, etcétéra...En 1993, j'avais 12 ans et personne n'avait un surnom de plus de 8 caractères.J'avais déjà une petite personnalité de geekette systématicoanalytique. J'ai pris les grandes maquettes des bestiaires des jeux Nintendo 8 bits que nous avions à la maison et j'ai cherché de l'inspiration. J'y ai trouvé koopa-troopa, mais c'était un peu trop long. Et puis je n'étais pas certaine de vouloir un surnom issu des Mario Bros. Pas assez original.C'est le nom d'un oiseau de Final Fantasy 1 qui m'a finalement pétrifiée. Peu connue, la cousine mauve du cocatrice m'attirait à ses risques et périls. perilisk"J'ai trouvé !" Je comprenais déjà à l'époque l'avantage d'un surnom de genre neutre. "C'est unisexe et uniâge", répétai-je à tout vent. Tant pis pour tous les prédateurs sexuels.Ça fait presque 20 ans. À mon adolescence, mes amis étaient des internautes, des pionniers, quand on téléchargeait une chanson à la fois sur IRC, quand on avait un modem 14 400 bps, quand on utilisait Powwow, qu'on avait des cyberchums, qu'on pensait faire du cybersexe et tapochant à la main sur un clavier. J'ai créé ce blog en étant amoureuse d'un Québécois en France en 2005. J'en avais marre de me répéter, d'écrire dans un journal pour moi-même et lui raconter ensuite ma journée. Qui pouvait bien s'intéresser à ma vie privée de toute façon ?À travers les années, j'ai eu quelques lectrices et lecteurs, et ça me faisait plaisir. Quelqu'un s'y intéresse, c'est qu'il s'intéresse à moi, comme Cri. D'autres l'ont lu de A à Z, parfois même avec un traducteur. Pour moi, c'était un paKo, un carnet de vie. On ne peut pas l'interpréter...Je parle au passé puisque j'ai décidé de retirer ce blog de ma vie en ligne., puisque mon bouquin va sortir d'ici peu. Aussi, parce que je ne suis plus à l'aise de publier et d'être lue par mes parents sans qu'ils ne me parlent. L'Internet ne sera plus le dépôt de mes états d'âme. Pour moi, ça devient un espace de publications professionnelles.Ma vie privée... N'a jamais été très privée certes.Et même Facebook, honnêtement, ça commence à me saouler, hors vitrine professionnelle.Alors je me donne un petit trois semaines pour dire Goodbye perilisk. Je backup, puis je décrisse...Phasing out. On s'appelle et on déjeune ?

See original: perilisk, idéaliste à temps plein perilisk