Aujourd'hui, Montréal avait l'air différente. Pourtant, peu a changé. La neige a fondu, vomissant derrière les détritus à une marée basse. Montréal, ville laide, 20 degrés en mars, moi qui sort nu-pieds un peu, tout juste pour rappeller à mes plantes combien je suis enracinée sur cette Terre. Je vous jure, je ne suis pas si tête en l'air que je veuille la quitter. Je l'aime cette planète...Montréal avait l'air différente, mais comme le dit si bien Tuut, la plus belle des Iqalummiut, la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde. Et au milieu des déchets, j'ai vu un immense soleil. J'ai su que Montréal change lentement, à travers chaque femme et chaque homme qui y met les pieds, qui ose y rêver. Elle change avec les folies qu'on y vit, les espoirs qu'on y nourrit, l'impossible dont on s'y rassasie.Aujourd'hui, Montéal avait l'air différente, mais c'est moi qui avait changé. J'ai eu l'impression d'y être en voyage, de refuser de la juger. D'avoir envie de ne pas l'habiter, d'y déposer de chastes baisers, plus d'envie de la violer... Hier, j'ai rêvé; aujourd'hui, Montréal a changé.Il y avait un immense soleil pour me dire que la vie n'attend que le moment où on se donne la chance de la respirer. J'ai pointé le museau hors de ma niche et j'ai humé l'air, ça sentait la poussière de voyage, oui, comme il disait hier, un parfum d'été, j'ai rêvé, je rêve encore et j'espère ne plus rencontrer de gens assez pervers pour me faire croire à la réalité plutôt que la fiction, à la fiction plutôt que la réalité. À être médiocre, aujourd'hui, Montréal, à oser dire qu'être Breton c'est être alcoolique ou aujourd'hui, Montréal, que les adultes atteignent un âge où ils ne peuvent plus changer.J'irai au Kazakhstan. Je vous emmène avec moi. Même toi, aujourd'hui, Montréal.
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