Casa Robino

Créer la vie chaque matin en ouvrant les paupières, émergeant des mondes parallèles. Créer la vie en ouvrant la porte de son foyer, en hurlant tout doucement comme il fait chaud dans nos entrailles... Comme tout ça grouille et gargouille et fourmille de bactéries, de tous ces morceaux de nous qui n'en sont pas, mais qui nous redéfinissent...Créer la vie en refusant la mort, simplement : ne plus accepter d'être un suicidé, d'être un lâche, ne plus se rendre coupable d'actes héroïques, de seppuku, d'hara-kiri, ne plus se déclarer kamikaze aux objectifs nobles, ne plus prétendre qu'il faut du courage pour se donner la mort. Créer la vie juste en la choisissant, en arrêtant de mourir en baisant, en cessant d'être faux-cul et de mentir à tout le monde. Créer la vie juste en la choisissant. Refuser de se jeter au coeur du Mauna Lua, de se cramer jusque les ongles ou de s'endormir dans la toundra. Créer la vie.En s'indignant, en se révoltant, en faisant tout exploser, créer la vie par le mouvement, danser, des lucioles, le firmament, les AURORES BORÉALES ! Apprendre à valser, se mouvoir dans le Qi Gong, faire du Tai Chi, du Falun Gong, en silence, sans bouger, une asana tout en papier...Apprendre à se jeter au coeur du concert punk, à frapper des coudes dans une transe tribale, choisir la vie, ses moments d'oubli, marcher pieds nus pour mieux sentir le sol. Prendre son envol, ultra-léger, un cerf-volant au bout d'une corde, tromper la gravité, devenir léger...Choisir la vie et procréer, des enfants d'encre, de papier, à déchirer, à déchirer, faire de l'origami au lit, des contorsions pour s'agripper de tous côtés, et s'endormir une main sur le flanc, les yeux perlés de larmes de bonheur, après tout ce temps. Sentir quand la vie dépasse le rêve, la fiction pourrait aller se rhabiller... De ville en ville, hors des cités, des gitans enflammés, des enfants de bohème, et si tu m'aimes, prends garde à toi !Redonner au corps son caractère sacré et te faire boire, te faire boire l'intérieur de mon âme, que tu te saoûles ! « Nous irons prendre un verre », soit ! Choisir la vie et la déglutir, grandes lampées de saké chaud. Tout, mais je t'en prie, pas d'ordinaire, pas de mondain, pas d'hypermarché, rien de certain, des regards, des regards de feu, des yeux qui brûlent et qui larmoient, un sourire en coin et une lèvre supérieure, le regard tourné vers le sol, choisir la vie. Marcher pendant des kilomètres, courir un marathon. Gambader ou bien juste marcher sur les mains...Créer la vie.