22 mars – Mise à jour – Calins – Trucs

Qu'as-tu en tête dernièrement? Je sais, j'en suis certaine, nous avons été plus près l'un de l'autre que jamais puisque tu étais à Ankara et je suis toujours à Istanbul. Je croyais que tu étais sur le point de traverser la frontière, pourquoi as-tu as fait tout ce chemin vers l'ouest?Je suis épeurante, je suppose. Tu n'est pas la première personne à t'enfuir, tu sais, je ne suis pas vraiment surprise de cette situation. C'est un peu... répétitif. Je suppose que c'est dans ma nature. C'est parce que je rêve tout haut, si fort, parce que j'y vais et je le fais et je donne tout. Break through the undertow, your hands I can't seem to find,pollution burns my tongue, cough words I can't speak so Istop my struggling, then I float to the surface,fill my lungs with air, then let it out”- Give it all – Rise AgainstJe me prépare pour mon jour symbolique (le 4 avril est la date que j'ai choisie) où je me raserai la tête. J'ai écrit sur mon blog à propos du symbolisme des cheveux et le chemin spirituel que que j'entreprends, et ça m'a certainement aidé à clarifier mon esprit et me sentir plus résolue que jamais. Tu vois, ce n'est pas si important, mais je le rends important parce que j'en aime le symbolisme. Je me suis promise de prendre les choses avec plus d'humour dans le présent et le futur. Tu vois! Une exemple illustrant les difficultés que me causent des inaptitudes linguistiques. Sur mon blog, j'ai écrit « Faire l'humour plus souvent` », où humour se substitue pour « amour » dans « Faire l'amour plus souvent ». De devoir expliquer cette blague la ruine. Une opportunité de te faire sourire qui est perdue!Enfin. Je me suis marrée en repensant à nos emails, notre solitude de voyageurs et notre façon de pousser et tirer dans toutes les directions, ces emails qui se ressemblent tous. Les miens sont toujours « Je ressens je ressens ceci, cela et je souhaiterais ceci et bla bla bla et j'ai peur de t'influencer alors je ne sais pas comment terminer ce mail... », les tiens sont toujours « non, non, non, je m'en vais très très loin parce que ceci ne peut pas se produire mais je commence à croire que peut-être que j'ai besoin de quelque chose que tu peux m'apporter alors prends soin de toi. »Eh. On est mignons non?Istambul c'est bien, mais je ne peux pas respirer à cause de la fumée de cigarette. Et puis, je ne sais honnêtement pas où aller. Je n'ai jamais rêvé à cet endroit, je n'ai même jamais rêvé d'être une voyageuse, étant jeune. Je ne crois pas avoir jamais pensé à comment ce serait, ce pourrait être. Je ne peux être surprise ou déçue.Si je dois choisir un endroit duquel j'aie rêvé, alors la Thaïlande, le Laos, la Mongolie me viennent à l'esprit. Ou encore le Nunavut, les grandes steppes plates, les highlands, le foin, la toundra.... 3 mois, 6 mois, ou au moins un bon cheval et une yourte. Je rêve d'une yourte où d'une maison de terre, je rêve de bâtiments qui me donne envie de vivre à un endroit et sentir la terre, la battement de cette terre bien vivante. Bon, je deviens un peu poète... :)Je m'exprime également avec des chansons, plus que tu ne le crois, mais encore ce sont des chansons en français que j'aimerais te citer, et dans ma culture si québécoise je comparerais l'amour avec ma contrée, la peau avec un drapeau et les femmes seraient des rivières et je te citerais ce film qui dit « Mon pays c'est toi ». Je suis sûre de te faire peur, mon pauvre petit anglophone. Pour nous, c'est une sorte de voeu, un compliment, fier et reconnaissant. L'homme sur le point d'être pendu par le gouvernement du Roi dit à la personne qu'il aime: ton coeur est l'endroit où je me repose. Ce n'est pas effrayant... Nous parlons certainement un langage culturel très différent, toi et moi, ne l'oublions pas.Je ne veux pas cesser d'avoir ces conversations avec toi. Même si très souvent j'aimerais botter ton petit cul, même si je sais que tes emails seront conflictuels, même si je sais que tu ne feras pas un homme de toi et approfondir ta relation avec moi ou n'importe quelle autre relation que tu commences sur la route. Enfin, je t'appelle « bâtard » et « trouduc » derrière ton dos... Cela ne m'a sûrement pas aidé à maintenir ma seconde résolution du nouvel an!J'ai fait une erreur dernièrement. J'ai arrêté de t'écrire exactement mon sentiment, j'ai mis un filtre sur mes doigts tenant de contrôler la descente. Essayant peut-être de te faire moins peur. En ce moment, je me sens blessée par CouchSurfing et comment les choses fonctionnent. Je me suis fait traiter comme une merde, et ça a ramené en moi des émotions pures, j'ai même pleuré! Je n'avais pas pleuré pendant ces derniers mois.. ni vécu de crises d'angoisse.. Mais j'ai alors pleuré pour un moment et j'ai pensé à combien j'étais submergée de ces émotions, et je me suis sentie mieux, plus humaine. Je lisais « Norwegian Wood », un livre qu'une copine a mis dans mon sac à dos à Cologne. Ulf m'a forcé à prendre avec mon un lecteur mp3 plein de chansons incluant un CD nommé « Norwegian Wood » avec des versions orchestrales de plusieurs chansons mentionnées dans le livre. « Une coïncidence », m'a-t-il dit. Ah. Coïncidence.Eh bien, coïncidence ou pas, ça m'a fait repenser au fait que je peux tout te dire. Comme que je suis à peut près certaine de t'aimer, et que j'ai la quasi-certitude que l'écrire fera disparaître ce sentiment. Je ne peux pas imaginer laisser entrer quelqu'un d'autre dans mon coeur . Mon chemin se dessine toujours plus vers la solitude. Je me sens vieille. Ces deux derniers mois ont été difficile. J'ai besoin d'un câlin, mais je ne peux en avoir un, ici.(Bon, je viens de me faire interrompre par la vie qui me rappelle de prendre les choses moins au sérieux. La coloc de mon hôtesse est entrée dans la chambre pour m'apprendre le vocabulaire turc désignant les fesses, la chatte et les seins, me montrant par le fait même son kuku nouvellement épilé. Putain.. parlez-moi d'un drôle de pays!Bon, je disais, oui, mon coeur oscille entre toi et le reste du monde. Toi, mon amour individuel, le reste du monde, mon amour sacré. Toi, mon ami sur le sentier, et le reste du monde pour lequel je peux être une meilleure personne.Et puis après toi, pourquoi suis-je ainsi en train de craquer pour toi? Peut-être comme le dit Joe dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind: « because you showed be the least bitof attention ». Peut-être car tu as percolé dans mon univers de tellement de façons différentes, depuis déjà un bon moment. J'admire ton esprit libre, je redoute ta fuite. Je sais que tu me dis des choses et que tu penses le contraire. Je sais que tu es un idéaliste, je sais que tu prends les choses beaucoup trop au sérieux. Je sais que tu donnes beaucoup, je sais que tu est réel. Un amas de confusion bien réel avec des os et de la chair bien réels, du sang et des cellules et des valeurs et des espoirs. Je suis même venue à croire que tu es plutôt mignon... Je ne m'étais jamais demandé si je te trouvais beau.Je sais aussi que tu peux courir beaucoup plus vite que moi. J'ai une capacité cardio-respiratoire médiocre, je l'ai toujours eue. À chaque fois que j'essaie de courir un peu plus à tes côtés, tes grandes jambes me relèguent à courir derrière toi et ma gorge me brûle, j'étouffe.« Breathe, the air we give, the life we live, our pulses racing distances, so wet my tongue, break into song, through seas of competition »Je me souviens que tu as écrit un jour que c'est injuste parce que je traverse l'Europe et tu devrais me rencontrer à mi-chemin. Tu sais quoi? Tu as parfaitement raison. Je suis maintenant à distance d'auto-stop, non? Bon. C'est bon. Je te taquine (tu appelles ça « pousser », essayant peut-être de me convaincre que j'ai tort...) mais je suis simplement paumée et perplexe. Je me sens comme si j'avais seulement besoin de pleurer à tes côtés, et je ne pourrais pas élaborer de stratégies pour te pousser à venir me rejoindre. Comment le ferais-je? Je n'y crois plus, de toute façon. Ou si peu. Lâcher prise n'est pas simple.Oh, et pour finir cet email sur une note plus joyeuse:Depuis que j'ai commencé à discuter avec la maison d'édition, j'ai aussi commencé à rêver à la co-écriture d'un livre sur l'auto-stop avec une copine à moi. Ça cadrerait dans leur collection. Je leur en ai glissé un mot; cette fille vivant à Amsterdam, une âme réellement nomade que j'admire tellement, une artiste qui pourrait illustrer le livre... et ils m'ont demandé de lui faire la proposition. Après le dîner à Paris, ils m'ont dit que je pourrais écrire ce livre.Je lui ai demandé il y a quelques jours si ça lui plairait, et elle croit que c'est une bonne idée. Elle déménage à Istanbul bientôt! J'ai quelques semaines pour bosser sur le livre sur la Turquie le plus possible, puis un ami à moi viendra de Berlin pour se balader avec moi en Turquie... puis.. la vie n'est-elle pas fantastique? *te tapotant l'épaule droite de ma main gauche*à bientôtPrends soin de toi, mais pas tropJe t'aime, mais bien sûr que je t'aimeAnick-Marie--- Oh et n'ose même pas...C'est encore moi.Putain d'amis qui me disent de cliquer sur envoyé » avant de me relire. Je m'ennuie de ma coloc qui me disait toujours combien j'étais tarée avant de les envoyer...N'ose même pas me renvoyer un email dans 10 minutes avec le même putain de « je m'enfuis, désolé, mais peut-être que tu es ce dont j'ai besoin ». Change la formule. Pourquoi n'irais tu pas prendre le thé avant de me réécrire?Tu pourrais même me poster une lettre...

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