Lettres à mon compagnon -3

En vrac: les choses changent.. mais pour ce blog j'ai décidé de continuer de façon chronologique, afin que vous compreniez mieux ce qui m'a pris, pourquoi je suis partie, et comment ça évolue. Je vais faire un post par jour pour les prochains jours, histoire de rattraper le temps un peu.Je suis de retour à Istanbul. Ma tête est maintenant plus velue que mes jambes, ça change. Photos à venir sous peu...------11 février - Des décisions prises...J'ai ruminé des pensées encore et encore et ça a donné de bons résultats. Difficile de faire la part entre les différentes tensions que je ressens en moi: vouloir te voir faire tes propres choix sans mon influence, prier pour que tu me rejoignes (ou le contraire? te rejoindre?) dans cette folle aventure, jongler avec mes émotions confuses, organiser ce qui doit l'être... Tout y est... je ne sais pas comment l'écrire.. alors je vais m'en tenir aux décisions que j'ai prises, en espérant que cela te donne suffisamment d'information pour prendre une décision éclairée.- Quitter le Royaume-Uni maintenant est une décision rationnelle. Je me suis débattue intérieurement avec des idées négatives, de mauvais sentiments quand à la situation économique, une réelle catastrophe ici. 400,000 personnes ont présenté une nouvelle de mande d'allocation-chômage ici. Ce sont des chiffres dramatiques et trouver un boulot dans la cuisine d'un resto peut prendre des semaines, voire des mois. Je devrais partir en juin de toute façon. En prenant cette décision, je me suis soulagée d'un poids immense. Je quitte le pays le 3 mars, par avion pour Paris. J'aurai une semaine de boulot sur les traductions de CouchSurfing avec mon développeur, ferai un atelier avec eux et reverrai de mes amis les plus proches.- De là je me rendrai à Cologne en auto-stop, voir la famille ou j'ai vécu, une bonne amie et Ulf également.- Auto-stop vers Berlin, week-end d'ateliers en éducation relative à l'environnement et peut-être avec les traducteurs en allemand. Je travaille toujours sur cette idée.- Aux environs du 16, je me rendrais à Istanbul. Je me suis mise en contact avec Daniel. Il ne peut m'héberger mais m'aidera. Comme il quitte à la fin du mois, il me semblait préférable d'aller directement à Istanbul plutôt qu'en Grèce. Je veux le rencontrer.- Après... le calendrier est vide. Si je suis seule, je louerai une chambre à Istanbul et y resterai un mois ou deux afin de me préparer pour l'Inde. Si je ne suis pas seule, alors je suis avec toi et je ne peux pas deviner ce qui te semble le mieux. Si tu choisis de me joindre, aimerais-tu venir en Grèce avec moi? Je sais que tu y a déjà passé un moment, mais également 2 semaines à Istanbul, tu l'as sans doute suffisamment visité... Je m'arrange également pour avoir une adresse en Australie pour poster mon ordinateur portable si j'ai besoin de m'en débarrasser et de le récupérer plusieurs mois plus tard.Voici ou j'en suis. Je suppose que tu comprends comment je me sens. Je te souhaite de faire le choix qui te semble le mieux pour toi, sans trop de pression, mais il y a une énorme partie de omi qui a vraiment peur que tu choisisses de ne pas être avec moi. Étrangement, j'ai plus peur des impots britanniques que de notre faculté à bien voyager ensemble: nous avons tous deux du culot mais sommes assez prudents, sommes indépendants et avons tous deux à apprendre l'un de l'autre... me voilà encore en train d'essayer de te convaincre. Ce n'est pas bien!Test d'ITS hier. Retiré des euros. Perdu mon téléphone portable. Ne regarde pas ma photo, c'était un coup bas. Je ne me suis pas rendue compte que tu la contemplerais... Je voulais montrer un petit moment d'ici-et-maintenant mais je ne pouvais te montrer la webcam sur Facebook. Vraiment. Je ne veux pas que tu aimes mon physique, que tu viennes à moi pour de mauvaises raisons. J'en suis désolée. Et j'ai vraiment besoin d'un câlin. Enfin, plus que jamais13 février - Sans nouvelles - Calin de la Saint-ValentinJe serai à Istanbul aux petites heures du matin du 19 mars. Je me sens affectée plus que je le souhaiterais par l'attente de tes opinions-décisions-sentiments. Je suis dans la pénombre, malgré que je sache bien que tu soies sur la route, probablement confus et avec un accès limité à Internet... C'est parfait... je me sens simplement... fébrile, nerveuse. J'ai peur que tu choisisses de ne pas me rencontrer du tout. Ça rendrait toute cette aventure tellement plus difficile pour moi, pour ainsi dire. Mais je suis prête à y faire face. C'est simplement.. un départ plus difficile. Je suis désolée de faire de ton univers un monde plus complexe. Ce n'était pas mon intention. Mais que puis-je faire à présent de toute manière? La seule manière de me rapprocher de toi est de t'écrire... et les idées suivantes me sont venues, c'est un peu comme un câlin en bouteille....---Par le passé, j'écrivais beaucoup, sur mon blog principalement. Parfois, c'était les choses que j'aimais, parfois des délires, des projets, des aventures, de la confusion. J'aime écrire, mais quand je m'engage socialement je ne le fais pas autant. J'ai besoin d'une révolution qui me calme et laisse les mots s'écouler.L'un de mes sujets favoris est l'amour (surprise!), mais particulièrement en relation avec de fortes valeurs et l'activisme. Le sujet provient d'une réflexion qu'à faite une écrivaine que je considère comme ma mère spirituelle, Alexandra David-Neel. Elle fut la première européenne à entrer à Lhassa, parlait six langues, quittait toujours l'Europe pour 10 mois et revenait 12 ans plus tard... (ça lui est arrivé deux fois). C'était une exploratrice, une écrivaine, une monial bouddhiste et avait très mauvais caractère. Je l'adore. Elle s'est mariée parce que c'était les usages de l'époque, mais son mari était plus un ami qu'autre chose; en fait, il la croyait lesbienne... Mais elle croyait que la passion, le dévouement et le sacré ne faisaient pas bon ménage avec l'amour mondain et le sexe. Elle croyait que les prêtres protestants n'étaient pas cohérents puisqu'il prêchaient et rentraient à la maison s'accoupler, elle ne pouvait concevoir qu'une âme militante puisse vivre un train de vie conventionnel. Il s'agit donc d'un thème qu'il me tient à cœur. Je me demande toujours si j'aurais dû être une nonne ou si je devrais l'être, aussi. J'ai peu écrit sur le sujet, à vrai dire, mais je sens que c'est parfois puissant. Il y a un poème que j'aime bien, de l'un des premiers poètes à écrire fièrement sur le Québec. C'est un peu comme une chanson d'amour, enfin, c'est mon cadeau de la Saint-Valentin, mais il ne faut pas le prendre littéralement. Il me semble simplement que ça reflète bien ce que tu me dépeignais quant à la solitude, avant que je t'effraie. Paroles de la chanson Parle moi (L'amour et le militant)Et un petit poème de moi, pour finir: Je voudrais ta bouche et puisQuand j'irai sauver le mondeLa retrouver au retour etY goûter encoreUne première fois. 15 février - Signe de vie? Réponse?"Après plusieurs refus et annulations, j'ai dit merde, et me suis dirigé vers le sud. Syrie, Syrie, Syrie et 9 voitures plus loin j'étais à la frontière. Je l'ai franchie de nuit, ai campé sans tente et me suis fait surprendre par l'orage. J'ai passé des heures à sécher mes vêtements sur de vieilles ruines le lendemain... [... aventures... aventures... aventures...] Demain j'irai vers le sud. Désolé de ne pas t'avoir répondu plus tôt, oui, j'ai repoussé l'échéance jusqu'à ce moment.Ton courriel m'a partiellement inspiré à partir pour la Syrie... Aller plus à l'est sur un chemin qui ne croiserait peut-être pas ta route. Mais j'ai pensé à toi énormément - ton offre de voyager autour du monde n'est pas quelque chose que j'ai pris à la légère. Je suis très flatté que tu veuilles bien déjà me voir, sans parler de voyager avec moi. Tu me rappelles que je devrais tenter de réaliser mes rêves... ce que je fais en ce moment. J'entre en Syrie. Je voyage à fond. [...]Je rêve. Je suis incertain si ce rêve est de voyager avec toi. Te rencontrer, oui, définitivement. Je te dois un gros câlin! Mais je ne sais pas si je veux forcer cette rencontre. Te rencontrer en Inde aurait été dans un futur éloigné. C'était rassurant, n'envahissait pas ma sphère de confort... Mais toi! Tu pousses constamment! Je crois que l'une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais eu de relation sérieuse... et sans doute la plus importante est que je me refuse a compromettre mes rêves.... Voilà, je me mets de force sur une route s'éloignant de toi... mais ce n'est pas exactement vrai. J'ai juste besoin de temps pour voyager seul et me comprendre, trouver le sens des choses pour moi. Je réfléchis constamment et j'évalue tout... ce que je fais... quel rêve je poursuis... Une chose que je n'ai jamais faite, c'est de rêver avec une fille. Jamais. [...]Y-a-t'il alors une réponse à toutes ces divagations? J'aimerais te rencontrer. Je n'ai pas d'idée précise à savoir quand ou où, mais je pense faire du stop jusqu'en Israël, puis faire du bateau-stop jusqu'à Chypre et de retour en Turquie. Je suppose que je suis également effrayé à l'idée de m'engager, particulièrement depuis que mon ami (qui a 22 ans comme moi) a eu son premier enfant.[...]

See original: perilisk, idéaliste à temps plein Lettres à mon compagnon -3