Lettres à mon compagnon - 22 février

J'espère que tu apprécies toujours de recevoir des messages de ma part, parce que ça m'a vraiment fait plaisir de t'écrire dernièrement. Eh oui, même ces longs messages pathétiques aux épilogues étranges, et je ne sais pas pourquoi je me sens toujours si fatiguée, je finis toujours par t'écrire quand je me sens faible. Merde.J'ai passé les deux dernières journées à faire rien de ce que j'avais à faire, mais à simplement profiter de ce temps le plus fantastique de toute ma vie (i.e. chaque jour.. chaque jour..) C'était bien: j'ai aidé Judy à perdre sa virginité d'auto-stoppeuse en allant chez Tante Kitty à Kinross, environ 50 km au nord d'Edimbourg, sur les rives du Loch Leven. Nous avons été traitées comme les reines que nous sommes, avec du thé aux épices, et des bagels coupés en deux et grillés nous disant: I love you (où I owe you - je te dois..., quand le grille pain n'est pas parfaitement ajusté). C'est un cadeau de l'oncle Bill à sa nouvelle fiancée (c'est le couple de la demande en mariage sur le canapé, à la fête, et en partie la raison qui m'a poussée à faire des folies et quitter l'Écosse).Maintenant mon cœur pleure: j'aime l'Écosse. J'aurais voulu m'installer ici plus longtemps, mais je suppose que je n'aurais pas vraiment pu le faire, devant quitté lorsque la Wanderlust (ce mot allemand veut dire "désir de vagabonder"...) se serait emparée de moi. C'est ainsi. J'observe chaque paysage tel un nouveau souvenir, chaque saveur, chaque chanson que j'écoute, je me sens très sensible à la vie, très vivante, et je devrais me sentir ainsi plus souvent.----Et la fuite ? J'y ai pensé aujourd'hui: je suis tentée, également. Enfin, on peut tous deux le faire, non ? Nous pouvons tous deux décider ne pas nous pointer. Cependant, je ne crois pas que je m'enfuirais pour les mêmes raisons que toi. J'aime la fuite en tant que fantasme. Avant, j'étais terrifée à l'idée d'être rejetée, et j'aimais l'idée de foutre en l'air ma chance de réaliser un rêve amoureux avant même qu'il ne s'écroule de lui même. Quand j'étais fiancée, je devais emménager avec mon conjoint, et je me suis toujours demandé ce que ce serait pour lui de rentrer à la maison un soir et se rendre compte que j'ai disparu, déménagé dans une petite ville (mais il ne pourrait me retrouver ni avoir de mes nouvelles). Juste une pièce vide dans un appartement, comme s'éveiller d'un rêve, réaliser que celle que l'on aimait n'a jamais existé. Ce fantasme était omniprésent, à un point tel que je lui disais souvent: "Chaque jour je choisis d'être avec toi". Je ne lui ai jamais dit que je voulais m'enfuir...Je crois que la raison principale pour laquelle j'aimerais suivre mon intuition et te rencontrer et tout ça, c'est que tout me semble si insoutenable maintenant. Je sens que je ne serais pas suffisamment forte. Je m'évanouis en dedans. Je ne peux m'imaginer te rencontrer, j'ai si peu d'assurance. Je suis si vulnérable puisque je te dis comment je ne sens, et tout semble si irréel. Mon sentiment me dit que tu ne t'y pointeras pas et qu'il vaudrait mieux éviter ce mortel sentiment d'abandon.Et tu veux tellement voyager seul, et pourtant je peux parfaitement t'imaginer voyageant avec Amylin, ou n'importe quelle personne rencontrée au hasard des groupes de discussion, n'importe qui sauf moi. Je ne sais pas pourquoi ça fait un peu mal, c'est confus et.. j'évite de penser à tout cela. Et je crois que je dois simplement faire encore plus de folies et faire en sorte que l'on ne se rencontre jamais. Je change d'avis au moins 3 fois par jour sur ce sujet.-----Le mal de tête m'a pris alors que je mangeais un curry de fèves. Je ne sais pas pourquoi tu es revenu sur le sujet, peut-être m'ont-ils demandé pourquoi je partais? J'étais agacée car Judy semblait si positive à ton égard et je lui ai demandé: "Que vois-tu en lui? Qu'y-a-t-il qui soit en sa faveur?"(silence)Judy: Je crois que c'est un bon gars, il est vrai, il est bon pour toi, il est tellement heureux...(Judy semblait inconfortable)Kitty (à moi): Et toi, que vois-tu en lui?(Mon regard s'est figé dans le curry, et j'y ai réfléchi quelques secondes...)AM: Un pote.(huh? Un pote?)AM: Même en août, et avant, il me manquait sans que je l'aie rencontré, sans ressentir quoi que ce soit pour lui; il est sur les forums où je suis, il est en résonance avec moi, il est rêveur, il est radical, mais il a la foi, il est quelqu'un à qui je peux tout dire. Je crois que c'est un pote pour moi, un complice. Je ne suis jamais demandé s'il était joli ou laid. J'ai jamais pensé qu'il serait bon ou méchant, pour moi, il est juste Taylor et ça me suffit amplement.(silence)Kitty: On dirait que c'est le bon alors!AM: Ne t'avise pas de dire ça !Judy: Je crois qu'elle a raison. Tu étais si amoureuse de Patrick, et tu es tellement sur la défensive lorsqu'on parle de Taylor.... C'est très... différent.(Silence... silence très lourd)Ma migraine s'est amplifiée. Kitty voulait voir ton profil et a commenté tes photos. J'étais étourdie. Elle m'a fait couler un bain chaud, aussi chaud que jamais je ne me les offre, avec les plantes tout autour du bain, et de la mousse pour m'y tremper. Puis, je me suis enroulée dans un grande serviette blanche moelleuse et la robe de chambre assortie m'attendait sur le lit. Je ne crois pas que j'aie eu autant de douceur sur ma peau depuis le Hammam à Cologne, quand Ulf m'a fait subir un massage traditionnel turc, une surprise. Puis, j'ai pensé aux bains, et aux hippies malpropres et puants, et à la grande discussion sur le forum des femmes en Inde, et à comment j'avais autrefois l'habitude de régler les problèmes matrimoniaux dans le bain, et que j'ai toujours trouvé si difficile de retirer le bouchon à la fin du bain, comme j'aime l'eau et mon coeur battait si fort que je ne pouvais pas vraiment le calmer.. la chaleur, pour sûr.La nuit, j'étais dans un lit royal, si grand, et j'ai dormi à demi, d'un sommeil agité. Je ne veux pas dormir dans un lit queen, je veux dormir dans tes bras. Nouille, nouille, nouille... Je me suis tournée et retourné, et j'ai nagé à la recherche de confort dans un espace si grand, si vide, et tout ce que j'ai trouvé c'est le froid du vide et tous les magazines de filles avec leurs articles sur la perte de poids des célébrités... gr....Le matin, nous avons eu un petit dej fantastique pour débuter un nouveau jour parfait de ma vie de rêve. On nous a ramenées à Edimbourg, et je suis toujours tant fatiguée que je vais faire une sieste et travailler sur mes trucs de traduction plus tard. Je me sens tellement mieux quand je me tiens occupée... Sinon j'ai l'impression de tourner en rond, je me demande à quoi tu penses, et je me demande à quoi je pense, et je change d'idées 10 fois et j'essaye de me protéger, je rêve à la fuite, la fuite vers la route où je suis chez moi...... a toi qui entre dans ma vie...... et en disparaît immanquablement...----Une conversation avec Seb:S: Beaucoup de mecs rêvent d'une fille exactement comme toi...AM: ... voilà, ils rêvent. Je suis une fille de laquelle il est intéressant de rêver, si libre, si impliquée, si passionnée, mais qui peut soutenir le rêve le matin, rêve pour midi, rêve l'après-midi, rêve le soir, rêve la nuit? Et peut-être est-ce que je les fais rire, mais eux n'y arrivent pas... ou le font pour quelques semaines et continuent à bosser, à planifier leur vie ici ou là, ils ne réalisent jamais ce qui occupe leur rêves, je suis immanquablement déçue. Pourquoi ne pourrais-je pas également être avec quelqu'un qui ne me fasse rêver ?S: ...AM: Et si les gens réalisaient qu'il sont complètement libre? C'est incroyablement lourd à supporter, parce que l'on devient responsable de ses propres choix, TOUS leurs choix... et ils ont alors peur de ma liberté, ils tentent de m'apprivoiser, de me retenir à un endroit... mais je ne peux pas.. je ne peux pas faire ça...---... suffit avec cet agrégat de mots sans but.*calins* & *calins* et.. quand seras tu en Israel? ces courriels sont inconvenants: j'en envoie un, et je le regrette toujours.Je n'ai rien de planifié pour mon dernier week-en en Écosse; avec un peu de chance, on pourra se parler brièvement. Ne t'en fais pas...Anick

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