Arrivée à Istanbul

Ce ne sont pas mes états d'âme, mais je me doute que ça vous intéresse un peu, vous les non-voyageurs!J'ai dormi dans l'avion pour Istanbul. Déjà à Bratislava je me sentais un peu sous le choc culturel car les Slovaques sont beaucoup plus Europe de l'Est que l'Autriche ou l'Allemagne, manière gentille de dire désorganisés commercialement. Enfin, rien duquel me plaindre, franchement!À l'attérissage, je luttais pour garder mes paupières ouvertes tant j'étais fatiguée (vol de nuit!). Le temps était frais et pluvieux, le moment sans doute historique pour moi mais comment lutter contre la pesanteur de mes paupières? En voyageant seul, on est entièrement responsable de son sommeil.. et de lutter contre celui-ci lorsque nécessaire!En entrant dans l'aéroport, je me suis dirigée avec un groupe de gens vers un petit comptoir fermé avec un panneau titrant: Visa. Il était vide, et après quelques minutes d'attente, un gros monsieur y est entré avec une grosse mallette, et a commencé à vendre un à un des visas aux nouveaux occupants. Je dis vendre car c'est un business payant. Une Canadienne vaut 45 Euros, plus qu'un Australien ou un Européen classique. Tout ça pour un joli timbre et 3 mois de séjour (multi-entrées).Le passage à la douane s'est fait sans heurts et l'aéroport était presque désert. D'abord, les toilettes. Assise, j'en ai profité pour joindre mon bagage à main à mon sac a dos. C'est la routine, je dois passer mon ordinateur en bagage à main, mais pour éviter de m'encombrer d'un sac à dos supplémentaire (day pack), je n'utilise à présent qu'un sac d'épicerie en coton. Je dois donc l'intégrer à mon sac à dos avant de sortir, sous risque de l'exposer aux intempéries.En sortant des toilettes, je constate qu'il y a des contrôles de sécurité sur ma gauche, mais que la porte semble donner vers l'extérieur. Il s'agit en fait de la sécurité aéroport classique, mais sur l'entrée de l'aéroport! Je ne le réalise pas sur le coup et ne pense pas à tout revérifier avant de sortir de l'aéroport. Par contre, réflèxe de voyageuse, je repère un distributeur de billets et retire un montant élevé en devise locale (l'avant dernier chiffre est généralement raisonnable.. mais je n'ai pas pensé à vérifier le taux de change.. d'ailleurs je ne le fais jamais - ça ne change en rien le prix payé...).On m'avait dit d'enregistrer mon téléphone mobile à l'entrée au pays et je tente de repérer un kiosque, mais je tombe sur un homme ne parlant pas l'anglais, discute un peu avec lui (non, je ne parle pas Turc encore). Au final, je ne le sens pas et décide de laisser tomber. J'aviserai plus tard.Je sors de l'aéroport et comprend enfin le système qui ne permet pas de rentrer sans repasser par la sécurité. Tant pis. Devant moi, un série de bus coach avec des destinations, mais pas Kadiköy où je dois me rendre. Il est 2:36 du matin. On me dit de prendre un autre bus et de changer plus loin. Je refuse et pars à l'exploration des environs pour enfin trouver un petit arrêt de bus avec un sigle semblant officiel, une carte et des horaires. Je repère l'horaire du bus pour Kadiköy que j'avait trouvé en ligne. Merde, 2:30 ou 3:30. Raté.J'étais seule, l'aéroport presque désert et silencieux, dans le noir et la pluie. Je me suis coiffée de mes écouteurs, écouté Norwegian Wood et lu Norwegian Wood. Après une quinzaine de minutes, une tribu de Slovaque est arrivée avec grand bruits accompagnée de policiers turcs. Cocasse! La barrière linguistique était évidente et difficile à gérer. Je souriais :) J'ai échangé quelques mots avec deux d'entre eux, puis me suis remise à ma lecture.L'autobus est arrivé à 3:25 et la tribu de Slovaques devait prendre un bus différent. Quelle tristesse :) . Cependant que je montais dans l'autobus, le chauffeur et un accompagnateurs me dirent qu'il n'y avait pas de bus pour Kadiköy. "Kadiköy no, Kadiköy no!". Imaginez la situation: je discute avec le chauffeur en language yes, no, sir pendant que l'accompagnateur discute avec les slovaques en leur disant qu'ils n'ont plus de bus non plus. Après quelques négociations, on nous fait tous monter dans le bus, indistinctement de notre destination, et sans payer ou préciser de prix. Hop!Je tente de contacter Gil, mon hôte, mais mon téléphone refuse obstinément. Crédit insuffisant, me dirait-il s'il pouvait parler. Shit. Bon, j'ai l'adresse et j'ai vu le mot Acibadem sur le bus alors je le répète sans arrêt: au moins j'attérirai dans le bon quartier.Un grand moment sur l'autoroute et des discussions entre les Slovaques: un nouveau venu parle Slovaque, Turc et baragouine l'Anglais. Il parle 8 langues, me dit-il. Sympa: j'ai la moitié de son âge, la moitié de ses langues :) Après une vingtaine de minutes, on change de bus et le 1er chauffeur disparaît en me faisant un sourire. Je l'interroge du regard quand à l'argent et il hoche la tête vers le bus, me faisant signe de monter. Il nous a amené là par gentillesse, nous a confié à un collègue qui nous amènera là où je dois aller, et rapprochera les Slovaques de leur destination. À bord du deuxième bus, on nous demande 3 Euros ou 5 Lira. J'ai des liras déjà, ça fait sourire le chauffeur. Après 10 minutes, il s'arrête sur une rampe à côté de l'autoroute près d'un immense escalier de béton et me dit Acibadem et me pointe la direction. Teşekkür ederim, lui dis-je. 4 heures du matin, il pleut et je suis seule dans la nuit: tant mieux. Les taksi me klaxonnent mais je les ignore. Un abri d'autobus est sur ma voie et une carte me confirme que je ne suis pas très loin de ma destination.Cependant que je marche comme ça, une voiture de Polis m'interpèle. Merde. Ils ne parlent pas anglais et me font signe de monter, le même signe de tête qui ne se discute pas que m'avait fait le chauffeur de bus. On fait confiance ou on ne le fait pas! J'ai fait. Ils tentent de me comprendre alors que je répète sans arrêt Acibadem dört yeul, l'arrêt de bus où je pourrai me repérer. Ils me mettent en relation avec quelqu'un qui parle Anglais par téléphone.. Mais son anglais est si mauvais que c'est impossible de se comprendre. J'abandonne d'avance lorsqu'on est a destination et sort l'adresse et fait des signes aux policiers. Ils comprennent l'adresse et me déposent devant le bâtiment. Gagné! Je les remercie avec excitation et ils disparaissent au bout de la rue en moins de deux minutes. Je sonne.. et c'est fini, je suis arrivée à la maison!Vous voyez, ce n'est pas si difficile de voyager en solo.. :)

See original: perilisk, idéaliste à temps plein Arrivée à Istanbul